20 juin 2009

La fin de Moyocoya

Personne ne s'y était attendu. Le premier choc a bien sûr été pour ceux d'entre nous qui ont trouvé la reine morte. Mais cette nouvelle a rapidement choqué tout le royaume de Moyocoya. Cela semblait inimaginable, une mauvaise farce, mais non, c'était la réalité. C'est pour cela que quand un des gardes de la reine, avant de mourir, est parvenu à décrire le meneur des attaquants, un mercenaire Nephthys, la colère et la vengeance ont rapidement pris place dans nos coeurs.

Avec sa description, nous avons fait marcher nos relations, nous avons cherché et obtenu des informations, et nous avons pu faire suivre ces mercenaires. Malheureusement, nous n'étions plus très nombreux. Sans doute pas assez pour les affronter, dont c'est le sale travail de combattre. Alors nous avons demandé de l'aide à ceux que nous connaissions. C'était précipité, mais notre désir de vengeance était trop fort pour pouvoir attendre et mieux nous préparer. A tous, nous leur avons donné rendez-vous dans notre maison du village des éleveurs. Et cela nous a touché de voir qu'ils étaient nombreux à venir nous apporter leur aide.

Car la salle principale a vite été remplie de monde. Ils savaient juste que notre reine était morte, rien de plus, mais ils étaient venus pour nous aider.

Nous n'avions pas vraiment de plan, notre cible étaient ces mercenaires, c'est tout ce que nous avions en tête. La maison des éleveurs semblait un lieu tout indiqué pour nous rassembler, car le Q.G. de Cania des mercenaires n'était pas loin. Et d'après nos derniers renseignements, ces derniers, au moins Galeat et Mercen-Harrie, s'y trouvaient. C'est eux qui allaient payer. Nous étions tous là pour ça, armés, et prêts à faire couler le sang. Nous avons rapidement résumé la situation à ceux venus nous aider. Mais ce n'était pas quelques mercenaires qui allaient les effrayer. Une fois la confirmation que nos cibles étaient bien à Cania, nous avons tous foncé pour ne pas les laisser s'échapper.

Bien qu'en partie aveuglés par la colère, nous savions bien que les mercenaires n'étaient sans doute que des exécutants. Nous leur avons laissé une chance de nous dire qui les avait payé.

Mais bien évidemment, ils ont refusé le peu de dialogue que nous étions prêts à leur offrir. Ils auraient dû voir que leurs ailes de bois ne nous faisaient pas peur. Le combat s'est rapidement engagé, et c'est par les armes que nous allions les faire parler.

Ils se battaient bien, mais ils avaient à faire à de bons combattants, et plus nombreux qu'eux. Ils ont tenté de fanfaronner, mais les coups pleuvaient.

Deux mercenaires sont ressortis du combat en vie, mais blessés. Nous voulions toujours des réponses, et cette fois ils n'étaient plus en mesure de résister.

Ils ont bien tenté de nous faire croire que leur client était Anne Honyme, mais nous avons fini avec l'ordre d'exécution dans les mains...

Un ordre, portant le cachet du Château d'Amakna... Cela n'avait aucun sens, la reine avait de bonnes relations avec le Château. Allister n'avait aucune raison de vouloir la mort de la reine. C'était incompréhensible, il fallait avoir plus d'informations, connaître la raison de cet ordre. Les mercenaires, bien évidemment, ne savaient rien de plus. Mais ils nous ont indiqué qui leur avait porté la lettre, un courrier du Château. C'était notre meilleure piste pour essayer de savoir de qui elle venait. Car aller maintenant demander des explications au Château... Non, il y avait forcément quelque chose qui nous échappait. Il fallait qu'on en sache plus. Nos amis étaient prêts à nous suivre et à nous aider. Alors, sur la base des indications du mercenaire, nous sommes tous partis tenter de retrouver ce messager.

Le mercenaire avait parlé d'un moulin à Amakna. Certains partirent vérifier le moulin à eau, mais c'était à celui à vent où a été trouvé Chrono-Post. Il était dans une petite salle, et elle a vite été remplie par toute "notre" troupe. Mais il faut bien reconnaître au jeune coursier qu'il n'a pas semblé très impressionné. C'est vrai que nous ne semblions pas forcément très agressifs au début, mais le ton est monté rapidement, et les menaces ont commencé à pleuvoir.

Bien sûr, il disait ne rien savoir, ni qui avait écrit la lettre, ni qui l'avait posté. Je pense tout de même qu'entre le monde autour de lui, qui était devenu de plus en plus menaçant, et le fait qu'il ne pouvait pas s'enfuir, il avait beau faire le fier, il n'en menait pas large. Il disait sans doute la vérité. Il fallait donc remonter encore plus loin dans le trajet de cette lettre. Chrono-Post nous a dit où on pourrait trouver sa supérieure, qui elle, aurait peut-être plus d'informations. C'était ce que nous avions de mieux à faire.

Je sentais bien que les esprits s'échauffaient, alors il fallait espérer qu'on toucherait bientôt au but, et surtout à celui qui allait devoir payer pour tout ça. La direction était le Château maintenant, dans une annexe du palais. Là, se trouvait Kole-Issimo, une disciple d'Osamodas, qui semblait être la responsable du courrier. Elle avait quelques corbacs autour d'elle, et pas mal de papiers divers. La salle était plutôt grande, sans gardes.

Elle non plus, n'a pas semblé impressionnée par notre venue. Les menaces sont venues bien plus rapidement cette fois, même si certains semblaient vouloir que les choses se passe calmement.

Je pense tout de même que si elle ne s'était pas rappelée de la lettre, cela aurait mal fini pour elle. Mais heureusement, les lettres du Château pour les mercenaires semblaient rares, donc elle s'est souvenue de celle-ci.

Elle a fouillé dans ses registres, mettant notre patience et nos nerfs à l'épreuve, et étant donnée la situation, mettant aussi sa vie à l'épreuve.

Mais elle a fini par trouver. La lettre lui avait été apportée par une domestique du Château. Ça semblait ne jamais vouloir finir... Nous n'avions toujours pas le vrai coupable, enfin, sans doute pas.

Heureusement, les indications de Kole-Issimo pour retrouver la servante iopette nous avaient mis sur la bonne voie, celle du phare du Château, un lieu calme où elle avaient l'habitude de se rendre. Et effectivement, Donne-Levin était bien là. Le lieu passa de calme à très peuplé, la domestique bientôt encerclée de guerriers. Ce qu'elle ne sembla pas vraiment trouver effrayant. La jeune femme semblaient plus impressionnée par les charmes bruts des combattants et par leurs habits, que par leur air menaçant et par leurs armes.

Elle ne fit pas vraiment de difficulté pour dire ce qu'elle savait. Malheureusement... La lettre, elle l'avait trouvé sous un meuble. Personne donc ne lui avait donné. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. Elle demanda à voir la lettre, et elle reconnue l'écriture. L'auteur de la lettre semblait être un ancien employé du Château, le secrétaire d'un percepteur. Seulement, d'après elle, il n'y était plus depuis des mois, il avait été renvoyé. Cela voulait dire que la lettre était ancienne de plusieurs mois... Cela n'avait pas de sens. Pas le choix, il fallait maintenant retrouvé cet ancien secrétaire, Feysey-Konte, qui d'après elle, écumait les diverses tavernes d'Amakna et du port.

Nous étions donc en chasse une nouvelle fois. Pour tomber sur un vieil homme, entouré de bières, qui semblait effectivement être un habitué du lieu. Il n'avait pas l'air particulièrement ivre, mais naturellement récalcitrant à discuter. A boire les bières non, et il se fit offrir quelques chopes pour lui délier la langue. Il ne voyait visiblement pas du tout de quoi on parlait. Ce n'est que quand on lui montra la lettre qu'il réagit assez violemment, à la surprise de tout le monde.

Il semblait évident qu'il voyait tout à fait de quoi il s'agissait. Ce n'était pas toujours facile de comprendre ce qu'il voulait dire, mais il avait bien écrit la lettre. Et en tant que secrétaire, donc il n'en était pas l'auteur. C'était le percepteur auprès de qui il travaillait, qui lui avait dicté l'ordre d'exécution. Et semble-t-il, à cause d'une cuite, il l'avait perdu. Ce qui pouvait expliquer, effectivement, pourquoi, quelques mois plus tard, une domestique est tombée sur la lettre et l'a posté machinalement, déclenchant ce qui allait conduire au meurtre de notre reine...

Maintenant, nous savions qui allait devoir payer : Tsepa-Moa, percepteur du Château. Et il allait devoir nous dire pourquoi, d'une manière ou d'une autre, et si possible, de la moins douce. Le Château fut bientôt assaillit par nous et nos amis. Bien sûr, c'est une image, mais ça y ressemblait. A tel point, que nous nous sommes heurté aux gardes du Château. Serrdam-Slevis, sans doute un responsable de la garde, nous refusa l'entrée.

Notre colère et notre désir de nous en prendre à quelqu'un avaient probablement éveillé sa méfiance, et il se sembla pas trouver nos première explications satisfaisantes. Devant notre insistance à vouloir passer, c'est par la force des gardes du Château qu'il nous en bloqua l'accès. De notre côté, se mêlaient la colère, la vengeance, les regrets de certains de ne pas avoir assez torturé pour obtenir des renseignements... Bref, les ingrédients d'une situation explosive. Les mercenaires ne nous avaient pas résisté, ce n'était pas quelques gardes qui allaient empêcher notre justice de se faire.

Seulement, ces quelques gardes, il faut bien reconnaître qu'ils avaient été bien entrainés, et qu'ils étaient lourdement armés et protégés. Un premier combat eu lieu à l'entrée, pour tenter de passer. Mais ce mur d'armures reluisantes semblait infranchissable. Ceux qui n'avaient pas été blessés tentèrent de passer et un nouveau combat fit rage. Mais cette fois, Serrdam sembla plus attentif à nos explications, et à la raison de notre venue. Et il décida de nous laisser entrer, pour tenter de régler cette affaire qui mobilisait autant de monde. Mais une fois dans le Château, il ne put empêcher nos amis de partir à la recherche du percepteur.

Quelques cris nous parvinrent, puis finalement un vieil homme entra en courant, et s'abrita aux côtés du représentant du roi. Visiblement, Feysey-Konte nous avait suivi, et il semblait avoir ses propres comptes à régler avec Tsepa-Moa. Il s'en prit à lui dès qu'il le vit. Le percepteur rejeta toute accusation, mais son ancien secrétaire commença à tout raconter, et c'est ainsi que nous avons appris pourquoi, un jour, la mort de notre reine a été décidée.

Car dans les activités de Moa, il y avait la gestion de la taxe sur les centaures, ces percepteurs posés par les guildes. A une époque, ils percevaient une taxe sur ce que pouvaient gagner les combattants. Et sur cette taxe, une partie allait au Château d'Amakna, pour les percepteurs présents sur le royaume. Et puis des guildes comme Moyocoya, ont commencé à s'opposer à ces percepteurs. A en mettre des non voleurs, et à attaquer les autres. Moa avait des amis chez ceux à qui les centaures rapportaient de l'argent, et tout ce monde voyait d'un mauvais oeil cette fronde anti-percepteurs.

Konte nous a donc appris que quand le roi Allister a commencé à envisager d'interdire ces taxes, pour rendre les percepteurs comme nous les connaissons maintenant, et bien ça ne faisait pas du tout les affaires de Tsepa-Moa et de ses amis. Alors il a paniqué, et il s'est dit qu'en frappant un emblème du mouvement anti-percepteur, il pourrait tout arrêté. Il a dicté la lettre alors. Feysey-Konte l'a perdu, ce qui a provoqué son renvoi. Le Château a décidé que les percepteurs ne seraient plus voleurs. Et, à cause de cette lettre, égarée puis retrouvée, notre reine a été tuée.

Tsepa-Moa a craqué, il a finit par avouer, mais sans regretter son geste. Il regrettait juste que la lettre ne soit pas arrivée plus tôt. Il a bien tenté de se défendre lâchement, mais Serrdam-Slevis l'a publiquement accusé, et nous a assuré que justice serait faite, même si c'était impossible que ce soit par nous.

Pourtant des tortures assez horribles étaient imaginées.

Mais les gardes l'ont emporté. Il est vrai que la vengeance avait dans nos coeurs laissée place à une impression d'une perte idiote et anachronique, qui n'aurait jamais dû avoir lieu...

Le peu qui restait des Moyocoyas, a alors annoncé que sans la reine, le royaume n'était plus, et que c'était la fin de la guilde.

Avant, bien sûr, de lui rendre un dernier hommage de la meilleure manière qui soit : une chasse aux percepteurs !